Montagne : Odalys réclame des investissements

Montagne : Odalys réclame des investissements dans les stations
Stations : Odalys réclame des investissements
Montagne : Odalys réclame des investissements pour les équipements

Donner les moyens aux stations de montagne françaises de se moderniser pour retrouver leur leadership.

 

Si la fréquentation des stations de ski, soutenue par un bel enneigement, est en hausse cette saison, les problèmes structurels que rencontrent les acteurs de la profession demeurent. Alors que le Gouvernement annonce vouloir faire du Tourisme une priorité et se fixe des objectifs ambitieux (100 millions de touristes internationaux accueillis en 2020 et 50 milliards d’euros de recettes économiques), les stations françaises de ski ont besoin d’investissements lourds pour se moderniser et repartir à la conquête de la clientèle européenne. Un plan encore plus ambitieux et plus focalisé sur leurs problématiques spécifiques est nécessaire.

Après un très beau début de saison, les stations sont optimistes pour les prochaines semaines …

Les premières tendances de fréquentation dévoilées par l’observatoire de l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne (ANMSM) laisse entrevoir une belle saison 2017/18. Pendant les vacances de Noël, les stations ont enregistré un taux d’occupation moyen de 79 %, en hausse de 10 points la semaine de Noël et de 14 points la semaine du Nouvel An par rapport à l’an dernier. Cette hausse a tout particulièrement profité aux résidences de tourisme qui ont enregistré sur cette même période un taux d’occupation moyen de 81%, en hausse de presque 15 points sur un an. « La semaine de Noël, nous avons enregistré un taux d’occupation supérieur à 98% dans l’ensemble de nos résidences, hôtels et chalets, tous massifs confondus, souligne Laurent Dusollier, Directeur général du Groupe Odalys.

La qualité de l’enneigement a notamment eu un impact sur les réservations de dernière minute, confirmant une vraie fidélité des Français pour les vacances à la montagne, pour peu que la neige soit au rendez-vous. « Sur le seul mois de décembre, le chiffre d’affaires montagne réalisé en dernière minute sur notre site Internet a bondi de 54% par rapport à la même période de l’an dernier », précise Laurent Dusollier.

A la veille des vacances d’hiver, les professionnels du tourisme de la montagne rencontrés sur le salon Grand Ski à Chambéry les 23 et 24 janvier se montrent confiants pour la suite de la saison. Même optimisme du côté de l’ANMSM qui rappelle que 3 stations sur 4 annoncent pour les mois de février et mars des réservations assez satisfaisantes ou supérieures, pour 42% d’entre-elles, à l’an passé … sous réserve que l’excès de neige qui touche un certain nombre de stations depuis le début de l’année ne refroidisse les velléités de départ de ceux qui n’ont pas encore réservé leur séjour.

Mais ne nous cachons pas dernière notre petit doigt, les investissements nécessaires pour moderniser l’ensemble de la filière sont lourds.

Rappelons que cette saison succède à 3 années sans neige ou presque pendant les vacances de Noël, et que l’ensemble des acteurs de la profession demeure confronté à d’importants problèmes structurels. La France a perdu sont leadership depuis 2016 au profit des Etats-Unis et de l’Autriche qui sont passés devant nous.

Au niveau des stations, il est devenu urgent de lutter contre les lits froids, et pas uniquement en soutenant une politique de réhabilitation du bâti existant. La petite taille de nombreux studios ou appartements existants, ainsi que l’absence d’infrastructures de loisirs et bien-être, ne permettent plus de répondre aux besoins actuels des vacanciers. Les politiques menées jusqu’à présent n’ont pas significativement résolu le problème.

Il faut renforcer les financements publics et privés nécessaires à l’émergence de nouveaux projets touristiques structurants pour les stations, afin d’assurer le renouvellement continu de l’offre. On estime entre 3 000 et 5 000 le nombre de lits chauds qui sortent du circuit commercial chaque année. Un investissement de 250 millions d’euros par an suffirait juste à maintenir le parc. Il est également important de privilégier la construction de résidences de tourisme avec un seul investisseur, plus favorables à une utilisation marchande pérenne des lits.

Face à un parc locatif vieillissant, des investissements lourds sont donc nécessaires pour pouvoir engager des travaux de rénovation indispensables. Lors du deuxième conseil interministériel du tourisme qui s’est tenu le 19 janvier dernier, le gouvernement a rappelé des objectifs clairs et notamment celui d’accélérer la modernisation continue des infrastructures touristiques capter une part substantielle de la croissance mondiale du secteur touristique.

Il faut en effet mieux satisfaire les nouvelles attentes des vacanciers. En prenant notamment en compte le vieillissement de la clientèle historique et les nouveaux modes de consommation de la nouvelle génération, plus zappeuse et moins sportive. Ainsi, depuis 2012, la part des non-skieurs a progressé de 4% note l’Observatoire de l’ANMSM. Une population qui souhaite se voir proposer davantage d’activités hors ski ou après ski (promenades en raquette, pistes de luge aménagées). Il est donc urgent pour les stations comme pour les hébergeurs d’apporter une réponse adaptée à ce renouvellement générationnel. « Pour beaucoup de nos clients, les vacances à la montagne sont d’abord l’occasion de se retrouver en tribu. Ils souhaitent pouvoir séjourner dans de grands appartements proposant des intérieurs chaleureux pour se retrouver avec leurs proches, rappelle Laurent Dusollier. Une grande majorité de nos sites proposent ainsi une piscine couverte chauffée, un sauna, un hammam ou un espace bien-être pour se détendre ».

De nombreux investissements sont également indispensables pour moderniser le parc des remontées mécaniques, créer de nouvelles liaisons et investir dans l’enneigement artificiel. Aujourd’hui, seulement 30% du domaine skiable français bénéficient d’un enneigement artificiel contre 48% en Suisse et 60% en Autriche. Les politiques publiques en faveur du développement des stations, que ce soit en termes d’incitation fiscale ou d’investissements publiques directe ne sont pas à la hauteur des enjeux et de l’urgence, même si les dernières annonces du gouvernement vont dans le bon sens.

Enfin, n’oublions pas les hébergeurs et les commercialisateurs, acteurs majeurs de la filière, et eux aussi confrontés à de nombreux défis. Au premier rang duquel, il faut citer le développement continu des réservations en ligne et la nouvelle concurrence des plateformes de réservation en ligne qui ne jouent pas toujours avec les mêmes règles du jeu, notamment en termes de fiscalité et de modèle économique, ce qui leur permet d’investir plus vite et plus massivement dans la transformation digitale que les acteurs historiques nationaux.

Les professionnels du secteur sont également confrontés à une progression des réservations de courts séjours. Si cette tendance s’explique par une évolution des modes de consommation (partir moins longtemps mais plus souvent), elle rappelle surtout que le budget des ménages est toujours sous pression. Une récente étude de l’Observatoire national des Stations de Montagne fait état d’un budget ski en quasi constant recul ces 6 dernières années (-0,5% en moyenne par an). Les vacanciers français consacrent en moyenne 1 579 € à leur séjour pour une famille de 3 à 4 personnes (toutes dépenses confondues, y compris le transport depuis le domicile). Résultat : la durée moyenne d’un séjour est tombée à 5 à 6 jours contre 7 jours auparavant.

Des efforts doivent enfin être consentis pour rallonger la saison de ski en avançant le calendrier scolaire des vacances de printemps, mais également pour alléger les normes administratives qui alourdissent les charges d’exploitation des professionnels et leur niveau de réactivité et d’adaptabilité ; alors même que la saisonnalité naturelle et des aléas climatiques fréquents propres au marché spécifique de la Montagne leur impose une grande flexibilité.

 Permettre aux stations françaises de ski de reconquérir la clientèle étrangère

Skier en France reste, pour l’instant, relativement bon marché pour les clients, mais les stations françaises ne sont pas encore sorties de la spirale infernale de sous-investissement récurrent. Avec pour conséquence un vieillissement de leurs infrastructures et un recul des journées skieurs, notamment en provenance des marchés étrangers.

Cela est également vrai pour l’ensemble des acteurs de la filière dont la capacité d’investissement est insuffisante pour faire face aux besoins et défis du secteur.

Il est aujourd’hui urgent, en privilégiant des politiques plus ciblées et moins généralistes, de donner aux acteurs de ce marché les moyens de se moderniser afin de permettre aux stations de ski françaises, détrônées par les Etats-Unis pendant la saison 2015-2016 et l’Autriche l’an dernier, et à l’ensemble des acteurs de la filière, de retrouver à l’horizon 2020 le leadership mondial qui était le leur !

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